Article invité rédigé par Carine (@ecp_be)
Carine est déjà passée sur le blog l’année dernière avec un article invité : SEO, Google vous aime. Vous rappelez-vous ?
Aujourd’hui elle revient nous voir, avec un nouveau guest blogging sur les vecteurs de communication d’il y a 15 ans et leur successeur : le web !
Si vous aimez le storytelling, vous allez être servis ! 🙂 Bonne lecture !
Le backlink papier …
Il y a quelques semaines, un matin, j’ai raté le train. C’était ma faute aussi ! A force de toujours trouver un petit truc de dernière minute à faire, il fallait que ça arrive.
Me voilà donc avec 25 minutes à tuer dans une petite gare à moitié déserte. Comble de malchance, la taverne où j’aurais pu patienter devant un bon café est fermée pour “congés annuels”. Décidément, je hais les congés… des autres !
Je déambule donc sans but dans les couloirs, à regarder des prospectus qui ne m’intéressent pas, des affiches vantant les supers soldes sur des produits que je n’achèterai pas, jusqu’à tomber en arrêt devant celle-ci : une affiche publicitaire pour un casino en ligne. Bien visible, en pied de page, l’url du site.
L’espace d’une demi-seconde, le temps que mes deux neurones se mettent en connexion (oui, je n’en ai que deux mais ils vont vite), je reste stupéfaite. Quand l’impulsion électrique atteint enfin mon cerveau, je m’écrie intérieurement “Oh ! Un backlink papier !”. Suivi immédiatement de son corollaire : “Rhôôô, je me demande ce que Google en penserait…”
Que cette remarque idiote vous fasse sourire ou pleurer, elle a cependant été le point de départ d’une réflexion plus générale : je le tenais l’article promis de longue date à Alexandra ! (que je remercie au passage pour sa patience)
Oui parce que… que pouvais-je apporter, avec mes petites connaissances, au blog de notre Miss où ont publié tant de gens bien plus experts que moi ?
La machine à remonter le temps
Plongeons, le temps d’une poignée de paragraphes, quelque 15 ans en arrière, si vous le voulez bien. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans… hum, je m’égare.
Je viens de créer une entreprise locale. Les formalités accomplies, il est temps de lancer une campagne promotionnelle. Les vecteurs de communication habituels sont connus et relativement bien maîtrisés.
- Je place une belle grande enseigne en bord de route afin qu’elle attire le regard, et un lettrage sur ma voiture avec mon logo et mon numéro de téléphone.
- Radio et TV, ce n’est pas dans mes moyens. Peut-être un petit spot sur une radio locale, on verra.
- Je m’assure une présence dans l’annuaire téléphonique, et quelques annuaires spécialisés ou régionaux.
- Je réserve un encart publicitaire dans les journaux distribués en toutes-boîtes. Idem dans les programmes édités à l’occasion des événements de l’été dans la région : au total, ils sont quand même distribués à pas mal de monde.
- Mon concept étant très novateur, j’envoie un communiqué de presse aux médias locaux : avec un peu de chance, ils reprendront l’info dans leurs colonnes, ça me fera une jolie pub.
- J’imprime des dépliants, que je dépose dans les commerces.
- Je demande à mon entourage et à mes premiers clients de parler de moi autour d’eux. Le bouche-à-oreille… (ah pardon, on parle de Growth Hacking maintenant, c’est vrai !), il n’y a franchement rien de mieux.
Retour vers le futur
Aujourd’hui, le web est “the place to be”. Une belle invention que ce réseau d’échange ouvert où chacun peut mettre de l’information à destination du monde entier ! Un média très pratique, où l’on peut avoir une vitrine. Et gratuit en plus ! Enfin… gratuit… j’ai vite déchanté.
Avoir un site, c’est un petit investissement de départ mais que l’on peut rentabiliser sur le long terme ; les supports papier, eux, ont une vie éphémère.
Le web, c’est tous les médias à la fois. Il peut offrir à lui seul la même chose que tous ceux d’il y a 15 ans réunis. Seulement voilà, de fil en aiguille, le web se privatise. Google y a pris une telle place que c’est lui qui fixe les règles, dorénavant. Bon… c’est évidemment caricatural, mais on se comprend, non ?
Les lignes qui suivent seront caricaturales elles aussi. Parce que non, le SEO n’est pas mort, on vous a menti. Mais faisons l’exercice intellectuel de la transposition sur le web d’une campagne d’il y a 15 ans, selon les guidelines de Google, tout en gardant à l’esprit de nuancer le mot « interdit » dans chacun des cas.
- Mon site, c’est mon enseigne au bord de la route. Il faut passer devant pour l’apercevoir.
- Les annuaires (en ligne maintenant, le papier c’est révolu) : interdits.
- Les encarts publicitaires (banners) : interdits ou avec parcimonie, et pas trop visibles en haut.
- Les annonces payantes dans les toutes-boîtes : liens achetés interdits (sauf si vous les achetez chez Google, bien entendu)
- Les communiqués de presse : interdits. Mais soyons clairs, les sites de CP n’en sont pas. Cependant (petit aparté), avez-vous remarqué ? Les vrais sites de presse ne font plus de liens, même lorsqu’ils parlent d’un autre site. Ils relatent les résultats d’une étude ? Un lien vers l’analyse complète pourrait être utile mais nada, débrouille-toi !
- Les dépliants chez les commerçants pourraient s’apparenter à des articles invités : pas trop bien vu non plus.
- Mes clients n’ont pas le droit de parler de moi sur leur site : ce n’est pas la même thématique.
- Et enfin, le bouche-à-oreille ne serait autre que… quoi ? Des commentaires de blogs ? Que dis-tu toi là-bas, le cancre au fond de la classe ? […] Non, pas les réseaux sociaux ! A moins de produire du contenu annexe. Parce que sur mon offre commerciale, qui aurait envie de tweeter ?
Ah oui, ça m’y fait penser ! J’ai le droit de tenir un blog ou un site de contenu « de qualité » (à propos, c’est quoi au juste la qualité ?). Une forme de magazine digital, en quelque sorte. Tiens ? Un magazine ? Il y a 15 ans, on ne faisait pas ça : seuls « les gros » en avaient les moyens. Un blog, c’est gratuit mais il faut du temps et des compétences que je n’ai pas. Je vais devoir payer un rédacteur pour écrire au sujet de MA spécialité. Au fait, ça coûte combien ?
Atterrissage forcé
Finalement, le web est devenu bien compliqué quand on n’y connaît rien. Vu du dehors, ça avait l’air d’un endroit où l’on peut faire sa pub un peu partout mais finalement, qu’a-t-on encore le droit de faire ? Google a corrompu le média, mais c’est la faute des vilains SEO. On a vite fait un pas de travers, marchant maladroitement sur la queue du Penguin. Pas une bonne idée. C’est que ça peut devenir agressif, ces bêtes-là !
C’est ce qui m’est arrivé. Et du jour au lendemain, de la scène éclairée par les projecteurs, je suis tombée dans les caves sombres des backstages où personne ne va. Et mon chiffre d’affaire m’a suivie. Jamais je n’aurais dû tant miser sur le web.
La leçon que j’en tire ? Que la promotion de son activité et de son site aussi off-line reste un levier à ne pas négliger : le casino en ligne (vous savez, l’affiche à la gare) l’a bien compris. Et que finalement, le salut passe par un rééquilibrage entre le web et les bonnes vieilles méthodes ancestrales. Méthodes ancestrales ? Tiens… ça ne me rajeunit pas de dire ça !
—
[PS : cette histoire est une fiction ; toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants ou ayant existé serait purement fortuite]
Passionnée par le référencement naturel et la rédaction web ! Blogueuse depuis 2012 ! Coauteur du livre “Techniques de référencement web” et “Stratégie de contenu e-commerce”.
Découvrez mes “Prestations SEO” et contactez-moi pour échanger sur votre projet SEO.
Wouarf! Le BL sur affiche A3…
Ca me rappelle quand mal réveillé, comme d’habitude, le nez dans l’expresso de mon bar habituel, j’ai voulu faire Control F pour chercher un mot dans un article du Parisien papier.
La confiscation des nouveaux espaces de comm par les grands groupes, ce n’est malheureusement pas nouveau. Il y a non pas 15 ans, mais 30 au moins (je vous parle d’un temps… bla,bla), les fameuses radios dites libres en avaient déjà fait les frais, en enterrant en grande pompe les mythes de gratuité et de liberté… ces mêmes idéaux si chers aussi d’ailleurs aux pionniers du monstre internet.
Conclusion: les plus gros bandits ne sont pas les plus manchots.
Venant de la comm et du marketing ma vision est sensiblement différente.
Je ne vois pas le web comme un melting pot de tous les médias (même si j’ai adoré ton exercice de style), mais plutôt comme un vecteur parmi tant d’autres.
Dans un stratégie de visibilité globale, le web prend effectivement une énorme place, mais il y a des tonnes de choses qui se passent off line.
La comparaison est très juste, drôle… Et peut-être un peu triste aussi ! Pas facile de récupérer du bon lien maintenant. Il faut faire travailler son réseau 😉
J’adore le titre, quand à l’histoire je crains qu’elle ne soit partagée par quelques dizaines de milliers ou millions de webmasters, pour la conclusion je crois tout de même que le secteur d’activité est important pour réussir la pirouette d’équilibrer le on line par du off line…
patrick Articles récents..Ritot, la première montre connectée sans écran
Hello Carine, Hello Alexandra.
Le problème avec internet, c’est que c’est effectivement the place to be (en gros c’est le seul endroit en croissance en France en ce moment) seulement, sur le web google est tout puissant, il n’a aucun concurrent et se permet donc de dicter ses règles. Au fur et à mesure, il élimine tout ce qui peut lui faire encore un peu de concurrence les annuaires, les cps ….. au titre que les liens artificiels sont interdits. Si ça continue, un jour le seul moyen de ranker sera de faire de l’adwords …..
Merci pour vos commentaires. Apparemment, l’article amuse et c’était (aussi) le but.
@Laurent
Nous sommes parfaitement d’accord. Je viens aussi de la comm donc je suppose que nos points de vues doivent se rejoindre plus ou moins.
L’article, tu l’auras compris, est une sorte de jeu de rôle dicté par une situation que l’on rencontre malheureusement trop souvent : on ne tient pas compte des spécificités du média et surtout, on fait un site et on pense que ça va tourner tout seul : il n’y a aucun plan comm autour, aucune stratégie globale on- *et* off-site. Et quand tu abordes la question… ça coûte trop cher.
Si tu vas revoir l’article que j’avais écrit ici même et dont Alexandra met le lien en intro, tu verras à la fin que j’y comparais 2 sites.
Le proprio du site A a écouté les conseils et a tout compris. Il a mis les moyens comm et est quasi à 100% de la capacité de son business depuis près de 2 ans 1/2. Malgré ça, il vient de demander une analyse fine de l’origine géo des visiteurs on-line pour savoir exactement dans quelle(s) région(s) focaliser une campagne off-line très bientôt. Malin !
Le site B… est définitivement off-line (faillite).
@Patrick
Je ne vois guère quel secteur d’activité pourrait empêcher ou rendre caduque l’idée d’une promo alliant le on et le off, mais peut-être as-tu des exemples auxquels je ne pense pas.
@Agence Monica Médias
Je comprends. C’est vrai que “Colophon” et “ControlF”, le matin, surtout avant le premier café, on peut vite confondre ! 😀
Personnellement je crois en la puissance du backlink papier, et je travaille dans cette direction, je suis justement sur une étude ( chiffres à l’appuie ), de l’impact des “liens” traditionnels ( radio, télé, journaux ), sur les positions google, n’oubliez pas, Big Brother voit tout !!!
SitePenalise Articles récents..Le référencement d’une page Facebook – c’est possible !
Wouaw, ça c’est de la pige !
Et pour Google,Pige fait partie du mot “Pigeon”.
Va t-il nous servir un algorithme du même nom, dans lequel seuls les pigeons pourront encore prétendre à un pseudo positionnement via des campagnes payées à prix d’or ?
Ceci pourrait bien expliquer la forte notoriété de google à l’heure actuelle! En plus du média, c’est le web en intégral qui est corrompu
Google par-ci, google par-là. A croire que ce moteur de recherche est le roi du web et de tous les internautes.
@SitePenalise
Chouette sujet d’étude ! J’espère que tu partageras les résultats !
@Jean D’Alessandro
J’ai une bonne nouvelle pour toi : Google assouvi tes désirs avant même que tu ne les formules. Pigeon existe.
@Externalisation Madagascar
“A croire que ce moteur de recherche est le roi du web et de tous les internautes.” –> c’est un peu ça, non ?
Bon résumé. Et qui amène aussi à un truc : faut de plus en plus souvent passer à la caisse chez google.
Ceci dit, entretenir des supports relativement généraux permet de résoudre un ou deux points mentionnés. Souci: il y a 15 ans en effet on avait pas besoin d’avoir son propre magazine pour communiquer.
Ah ah ah “Google a corrompu le média, mais c’est la faute des vilains SEO”. Heureusement que le second degré existe. Je connais quelqu’un qui fait du Black Hat SEO papier : sur sa carte de visite, il a imprimé le nom de sa marque sur un fond composé de mots-clés en gris foncé sur fond noir….
Bon moi qui vient depuis le blog de axe-net je trouve l’article et le ton franchement sympas. Apres bon je ne pense pas que Google nous a corrompu il nous a peut etre remis dans le droit chemin non ?
Bravo pour cet article.. Le parallèle est intéressant et permet de prendre un peu de recul avec humour sur les va et vient des “règles” imposées par mountain view…..
@Florian
Ah mais je n’ai jamais dit que Google nous avait corrompu (quoique… il y aurait à argumenter sur ce sujet, nous en arriverions probablement à l’histoire de l’oeuf et la poule) mais que ses règles corrompent le web en tant que média. Je pense cependant comprendre ce que tu veux dire; il est vrai que si les SEO n’avaient pas abusé du système, peut-être Google n’aurait-il pas dû durcir les règles. Mais est-ce vraiment aussi simple ? Car si on réfléchit bien, il “suffirait” à Google d’ignorer purement et simplement l’éventuel jus des liens qui ne lui plaisent pas. La bonne question – et elle est fondamentale ! – est donc : pourquoi ne le fait-il pas ? A part ça, contente que le ton t’ait plu.
@Agate Immobilier
Merci pour le compliment. 🙂
Approche assez pertinente je trouve. Mais je tiens à souligner que ne pas dépendre de GG uniquement ne veux pas forcément dire aller hors ligne, certains commerces basent essentiellement leur stratégie d’acquisition de trafic sur les campagnes publicitaires (et pas forcément via les régies de GG). En tout cas je trouve votre article décalé très sympa et apprécie le recul qu’il peut nous faire prendre sur le marketing en ligne. Merci pour ce partage Carine.